À la rencontre de Laly Damiens, ramasseuse de balles à Roland-Garros

Actus. Après deux échecs lors des éditions précédentes, Laly Damiens, jeune licenciée du club de tennis de Noyelles-Godault a eu la chance d’être sélectionnée pour être ramasseuse de balles lors du prestigieux tournoi de Roland-Garros qui se déroule du 19 mai au 8 juin 2025. Nous sommes allés à sa rencontre en plein cœur des allées du tournoi parisien.

À la rencontre de Laly Damiens, ramasseuse de balles à Roland-Garros
Laly Damiens, 15 ans, est la seule fille originaire du Pas-de-Calais à avoir été sélectionnée pour être ramasseuse de balles cette année à Roland-Garros. - Timothé Grandjacques

Chaque année, la lutte pour participer au mythique tournoi de Roland-Garros est rude pour les joueurs et joueuses de tennis professionnels. Pour figurer dans le tableau final, il faut figurer soit parmi les 104 meilleurs joueurs du monde soit recevoir une des huit invitations distribuées quelques jours avant le début du tournoi par l’organisation. 

Si la qualification devient dès le début de la saison une obsession pour ces athlètes venus des quatre coins du monde, ce ne sont pas les seuls à entrer en compétition quelques mois avant le Grand-Chelem parisien. Laly Damiens, 15 ans, est en classe de 3ème au collège Saint-Jo à Arras. Si cette jeune fille a tout d’une adolescente normale elle s’est mise au défi en début d'année de participer au tournoi de Roland-Garros en tant que… ramasseuse de balles. Un objectif atteint par cette joueuse licenciée au tennis club de Noyelles-Godault après avoir passé plusieurs tests physiques et techniques. Interview.

Horizon : Comment a commencé cette histoire ?

Alors il faut savoir que mon premier contact avec le ramassage ne s'est pas du tout fait avec Roland-Garros. En fait, cela s’est fait un peu par hasard en 2021. À l’occasion de la Coupe d’Europe junior qui se déroulait à Ronchin, près de Lille, mon père a reçu un mail mentionnant que le club recherchait des jeunes qui pourraient se rendre disponibles pour être ramasseurs de balles. J’ai tenté le coup et, très vite, ça m’a plu. À la fin du tournoi, les encadrants sont venus me voir pour me dire qu’il existait des sélections pour ramasser à Roland-Garros, aux côtés des plus grands joueurs du monde, et je me suis dit que ça pourrait être cool. J’ai d’abord tenté une première fois sans succès, une deuxième fois pareil, et cette année j’ai passé la première sélection qui se déroulait à Amiens et une deuxième à Troyes, qui est venue valider mon ticket pour Roland-Garros.

Est-ce que tout le monde peut devenir ramasseur de balles à Roland-Garros ?

No . Il y a deux contraintes pour devenir ramasseur de balles à Roland-Garros. La première, c’est qu’il faut être licencié à la Fédération française de tennis, et la deuxième, c’est qu’il faut avoir entre 12 et 16 ans.

Comment se passent les sélections ? Vous êtes nombreux à tenter l’aventure ?

Au départ, on est plusieurs milliers et on finit autour des 300. La première sélection dure une journée. Durant plusieurs heures, on doit effectuer plusieurs tests physiques, comme des tests de vitesse ou d’endurance, sur des courtes distances, mais sur des durées assez longues, et ensuite il y a aussi beaucoup de tests techniques où les encadrants évaluent nos roulés, nos gestuelles. L’état d’esprit est également évalué pour parvenir à être sélectionné. Quelques semaines plus tard, on reçoit la liste des quelques personnes sélectionnées pour venir effectuer un stage de formation intensif au ramassage pendant cinq journées, et ensuite, ils gardent les meilleurs.

Quel sentiment t’a traversé l’esprit et où étais-tu quand tu as appris que tu étais sélectionnée pour participer à Roland-Garros ?

Je m’étais déjà préparé à pleurer en cas de nouvel échec… L’annonce a été faite dans un amphithéâtre et ils nous ont dit qu’on était 39 jeunes à être sélectionnés après la première sélection (la plus importante) à Amiens. Ils nous ont donc annoncé, un par un, les heureux chanceux. Les minutes passaient et mon nom ne sortait pas. J’ai finalement été annoncé en 37ᵉ. Là, j’ai pleuré, mais de soulagement.

Peux-tu nous expliquer comment se passe une journée typique quand on est ramasseuse de balles à Roland-Garros ?

Le matin, on se lève aux alentours de 8 h et on se prépare pour arriver à 9 h 30 à Roland-Garros. Ensuite, on pose directement nos affaires dans les vestiaires réservés aux ramasseurs de balles, on remplit nos gourdes, puis on va regarder sur les listes affichées sur quel court on est attribué pour la journée. Rapidement, on a un petit briefing fait par nos encadrants pour nous rappeler les choses à éviter, à faire et à ne pas faire. Ensuite, tous les ramasseurs se rendent près du court Philippe-Chatrier pour effectuer « le réveil du stade », qui correspond à la chanson traditionnelle chantée chaque matin par les ramasseurs pour accueillir les visiteurs à Roland-Garros, puis on se rend sur nos courts respectifs pour effectuer des petits échauffements afin d’éviter les blessures, puis la journée débute. Par terrain, on est souvent deux groupes de six ou sept ramasseurs à permuter tout au long du match pour éviter la fatigue et les blessures. Après un match, on retourne au comptoir où sont affichés les courts et les ramasseurs qui y sont attribués. La journée s’arrête quand il n’y a plus de matchs à ramasser. Ça fait des journées qui peuvent commencer à 11 h et finir à 22 h. C’est un rythme assez dur, mais on ne peut pas se plaindre. C’est génial et on est tous conscients qu’on est des privilégiés.

Dimanche 1er juillet, Laly a eu l'honneur de ramasser les joueurs sur le court Suzanne-Lenglen.

Tu as déjà ramassé des joueurs connus depuis le début du tournoi ?

Chez les hommes, j’ai pu ramasser Stefanos Tsitsipas, Lorenzo Musetti et Denis Shapovalov. Et chez les femmes, pour l’instant, Elena Rybakina. Mon objectif, ça serait de ramasser Aryna Sabalenka, la numéro une mondiale. C’est ma joueuse préférée.

Maintenant que tu fais partie des ramasseurs de balles, tu te fixes d’autres objectifs ?

L’objectif maintenant, c’est de ramasser une des deux finales. On s’entend tous bien, mais on est tout de même en compétition permanente avec les autres. On est tous là pour la même chose.

 

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